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Je vous livre ici l’élément déclencheur de mon intériorité.
Je méditais, à partir des Écritures, sur l’appel d’Abraham, soit le premier commandement que Dieu a donné à Abraham. Abraham est appelé le père de la foi. Les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) le reconnaissent comme père.
Je croyais connaître ce texte de la Genèse : « Yahvé dit à Abram : Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai.» (1) et, en l’examinant de plus près je me suis aperçu qu’un mot hébreu n’avait pas été traduit.
Après maintes vérifications auprès d’hébraïsants et d’ouvrages spécialisés j’avais la confirmation que je ne faisais pas fausse route.
C’était pour moi une révélation à la fois textuelle (je reconnais humblement que ce qui était nouveau pour moi était en fait connu depuis des siècles) et surtout personnelle et spirituelle et cela a bouleversé ma vie.

Ce que Dieu demande à Abram (eh oui, il ne s’appelle pas encore Abraham à ce moment-là !), ce n’est pas « quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père » mais « va vers toi hors de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père ».

VA VERS TOI !

Je donne ici une courte démonstration. L’expression hébraïque traduite ici par « quitte » donne en forme consonantique lekh-lekha

Lekh, c’est le verbe halakh signifiant   » aller, marcher « , conjugué à la forme qal, au mode impératif, à la voix active et à la seconde personne du singulier. Cette première partie est donc bien traduite par « va » !
Lekha est composé de deux éléments :
– Le, une préposition signifiant à, pour, vers
– kha, un suffixe, deuxième personne du singulier, masculin utilisé pour le « toi » masculin

 Selon la déclinaison à l’impératif, cela donne :
2personne singulier masculin lekh lekha
2e personne singulier féminin lekhi lakh
2e personne pluriel              lekhu lakhem

Certains disent qu’il ne faut pas traduire lekha parce que cela n’ajoute rien au sens. D’autres contestent le « vers toi » et préfèrent le « pour toi ». Il y a pourtant plusieurs textes dans le Tanakh qui ne laissent pas d’autre choix que de le traduire par « vers toi ».
J’en donne, ci-dessous, quelques-uns à titre d’exemple
– Que l’Éternel tourne sa face vers toi (lekha), et qu’il te donne la paix !
(2)
Éternel ! le matin tu entends ma voix ; Le matin je me tourne vers toi (lekha), et je regarde. (3)
– J’étends mes mains vers toi ; Mon âme soupire après toi (lekha), comme une terre desséchée.(4)

Dans le Cantique des cantiques, quand le bien-aimé appelle sa bien-aimée deux fois il lui dit lève-toi et viens (5). En hébreux il lui dit « qoumi lakh » et « lekhi lakh » ce qui signifie « Lève-toi vers toi » et « va vers toi ».

Quand Dieu nous attire à lui et nous dit :  » Viens !  » ça signifie :  » Va vers toi ! « , car c’est là qu’il se trouve.

En découvrant ces choses, j’ai eu la révélation de ma vocation du « va vers toi » ; ces mots ont résonné au plus profond de mon être et continuent d’échauffer mon cœur.
C’est ce à quoi je m’efforce de répondre, me rappelant que « halakh » signifie aussi « marcher, faire des pas ». Pas après pas, je continue donc mon voyage.

Cet article aura une suite…

(1) Livre de la Genèse12 :1
(2) Livre des Nombres 6 :26
(3) Livre des Psaumes 5 :3
(4) Livre des 
Psaumes 143 :6
(5) Livre du Cantique des cantiques 2:10 et 13