Ta Face inscrite en notre être et nous baignant de sa lumière !

Le texte ci-dessous est de Matta el-Maskîne (1919-2006).

Petite biographie : En 1943, il est diplômé en pharmacie à l’Université du Caire. En 1948, il se défait de sa pharmacie et de tous ses biens pour les donner aux pauvres et entre au monastère de Saint-Samuel le Confesseur à Qalamun, en Haute Égypte. En 1960, avec onze de ses disciples, il part dans le farouche désert du Wadi el-Rayyan en Haute Égypte, à cinquante kilomètres de la ville du Fayoum la plus proche. Dans le  Wadi el-Rayyan, sa petite communauté et lui vivent soit dans des cavernes naturelles, soit dans des grottes qu’ils creusent de leurs mains. Ils y séjournent de 1960 à 1969 pour y mener une vie très austère, conforme à celle des premiers Pères du désert.

En 1969 Kyrillos VI, primat et pape de l’Église copte orthodoxe, constatant l’attrait spirituel exercé par le Père Matta el-Maskîne et sa communauté, leur confie la restauration du célèbre monastère Saint-Macaire de Scété, dans le désert de Scété (Wadi el-Natrun). Ce monastère, l’un des plus glorieux de l’histoire de l’Église copte, est à cette époque réduit à un état misérable. Il ne compte plus que six moines âgés et malades. Les bâtiments y sont très délabrés. Il faut tout refaire, et la douzaine de moines du Père Matta el-Maskîne se met tout de suite à l’œuvre. Plusieurs membres de la nouvelle équipe monastique sont architectes ou ingénieurs.

Sous la direction du Père Matta el-Maskîne, ils élaborent les plans grandioses d’un renouvellement radical des structures. La superficie du monastère sera six fois plus grande. Ils font des forages pour l’eau, bâtissent des cellules; une centaine d’abord, auxquelles s’ajoutera plus tard une autre centaine. En effet, les vocations affluent. Quant au désert environnant, les moines entreprennent de le cultiver de façon intensive avec les techniques les plus modernes et sur une surface toujours plus étendue. Une grande ferme est mise sur pied et dans tous les secteurs le travail agricole et l’élevage se développent en plein désert de manière prodigieuse. Les vocations monastiques n’ont cessé d’affluer. (Site du monastère ici.)

Les enseignements de Matta el-Maskîne ont cette caractéristique de passer de la théologie théorique à la théologie spirituelle vécue. Ils constituent ainsi, selon la situation de chacun, soit des guides précieux dans la lignée des Pères du désert, soit des éléments de réflexion enrichissants.

Le texte que nous allons lire a été écrit en 1998 dans un livre traduit de l’arabe en français dont le titre est: « La nouvelle création de l’homme » (1).
En quelques phrases magnifiques ce texte déclare un témoignage de vie intérieure et de foi qui va au-delà de la mort. J’ai laissé le titre du paragraphe qui me semble très parlant.

REPRISE DE CONSCIENCE DANS LE COURANT DE LA VIE

Seigneur, comment ai-je pu te perdre de vue durant toutes ces années, alors que tu étais en moi, dans l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié ?
 
Comment ai-je pu vivre ma mort ? S’éloigner de toi n’est-ce pas s’éloigner de la vie ?
J’ai vécu ma mort, ignorant la vie qui était en moi, qui palpitait dans mon cœur nouveau que tu m’as donné.
 
Ayant livré ma pensée aux hommes et aux choses de ce monde, je t’ai perdu de vue, alors que tu étais dans mon cœur. J’ai négligé ta parole : « Mon fils, donne-moi ton cœur et que tes yeux soient attentifs à mes voies » (2).
 
Jusqu’au jour où j’ai saisi que là, dans mon cœur, la lumière de ta Face éclaire l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié.
 
Pour Moïse, le suprême désirable était que ta Face le précède. Quel privilège inouï avons-nous d’avoir ta Face inscrite en notre être et nous baignant de sa lumière !
 
Tu as dit : « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (3). J’ai compris qu’en moi, tu es la Vie. Désormais, c’est par toi que je vis, je resterai tel que je suis, vivant par toi. Contre moi, que pourrait la mort ?
 
Dans l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié, que tu as créé pour moi au jour de ta résurrection, et que tu as déposé en moi… j’ai trouvé ma résurrection. Dans les battements de son cœur, j’ai discerné ceux du tien. En lui, j’ai reconnu la lumière de ta Face.
 
Qui donc pourrait me séparer de toi ? Qui pourrait arracher mon cœur au tien, éteindre de ma face la lumière de ta Face, ou défaire ma vie de la tienne ?

Si la mort m’approchait, je me moquerais d’elle, car j’ai déjà saisi la vie éternelle, lorsque tu t’es saisi de moi.
 
Et si la mort parvient à détruire en moi l’homme extérieur, cette mort, par l’homme intérieur je l’ai déjà foulée aux pieds, avec toi, au jour de ta résurrection.
 
Et si je m’épuise et que l’âge me courbe le dos, ta résurrection me relève la tête, et mon esprit touche au ciel.
 
Si je porte en mon cœur l’Homme Nouveau, c’est toi qui désormais me portes.

Puisse cette reprise de conscience être manifestée chez les lecteurs de ces lignes.

————————————————————————————————–

(1) Père Matta el-Maskîne, « La nouvelle création de l’homme », Abbaye de Bellefontaine, 1998, pp.103-104
(2) Livre des Proverbes 23:26
(3) Évangile de Jean 11:26

Le texte ci-dessous est de Matta el-Maskîne (1919-2006). Petite biographie : En 1943, il est diplômé en pharmacie à l’Université du Caire. En 1948, il se défait de sa pharmacie et de tous ses biens pour les donner aux pauvres et entre au monastère de Saint-Samuel le Confesseur à Qalamun, en Haute Égypte. En 1960, avec onze de ses disciples, il part dans le farouche désert du Wadi el-Rayyan en Haute Égypte, à cinquante kilomètres de la ville du Fayoum la plus proche. Dans le  Wadi el-Rayyan, sa petite communauté et lui vivent soit dans des cavernes naturelles, soit dans des grottes qu’ils creusent de leurs mains. Ils y séjournent de 1960 à 1969 pour y mener une vie très austère, conforme à celle des premiers Pères du désert. En 1969 Kyrillos VI, primat et pape de l’Église copte orthodoxe, constatant l’attrait spirituel exercé par le Père Matta el-Maskîne et sa communauté, leur confie la restauration du célèbre monastère Saint-Macaire de Scété, dans le désert de Scété (Wadi el-Natrun). Ce monastère, l’un des plus glorieux de l’histoire de l’Église copte, est à cette époque réduit à un état misérable. Il ne compte plus que six moines âgés et malades. Les bâtiments y sont très délabrés. Il faut tout refaire, et la douzaine de moines du Père Matta el-Maskîne se met tout de suite à l’œuvre. Plusieurs membres de la nouvelle équipe monastique sont architectes ou ingénieurs. Sous la direction du Père Matta el-Maskîne, ils élaborent les plans grandioses d’un renouvellement radical des structures. La superficie du monastère sera six fois plus grande. Ils font des forages pour l’eau, bâtissent des cellules; une centaine d’abord, auxquelles s’ajoutera plus tard une autre centaine. En effet, les vocations affluent. Quant au désert environnant, les moines entreprennent de le cultiver de façon intensive avec les techniques les plus modernes et sur une surface toujours plus étendue. Une grande ferme est mise sur pied et dans tous les secteurs le travail agricole et l’élevage se développent en plein désert de manière prodigieuse. Les vocations monastiques n’ont cessé d’affluer. (Site du monastère ici.) Les enseignements de Matta el-Maskîne ont cette caractéristique de passer de la théologie théorique à la théologie spirituelle vécue. Ils constituent ainsi, selon la situation de chacun, soit des guides précieux dans la lignée des Pères du désert, soit des éléments de réflexion enrichissants. Le texte que nous allons lire a été écrit en 1998 dans un livre traduit de l’arabe en français dont le titre est: « La nouvelle création de l’homme » (1). En quelques phrases magnifiques ce texte déclare un témoignage de vie intérieure et de foi qui va au-delà de la mort. J’ai laissé le titre du paragraphe qui me semble très parlant. REPRISE DE CONSCIENCE DANS LE COURANT DE LA VIE   Seigneur, comment ai-je pu te perdre de vue durant toutes ces années, alors que tu étais en moi, dans l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié ?   Comment ai-je pu vivre ma mort ? S’éloigner de toi n’est-ce pas s’éloigner de la vie ? J’ai vécu ma mort, ignorant la vie qui était en moi, qui palpitait dans mon cœur nouveau que tu m’as donné.   Ayant livré ma pensée aux hommes et aux choses de ce monde, je t’ai perdu de vue, alors que tu étais dans mon cœur. J’ai négligé ta parole : « Mon fils, donne-moi ton cœur et que tes yeux soient attentifs à mes voies » (2).   Jusqu’au jour où j’ai saisi que là, dans mon cœur, la lumière de ta Face éclaire l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié.   Pour Moïse, le suprême désirable était que ta Face le précède. Quel privilège inouï avons-nous d’avoir ta Face inscrite en notre être et nous baignant de sa lumière !   Tu as dit : « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (3). J’ai compris qu’en moi, tu es la Vie. Désormais, c’est par toi que je vis, je resterai tel que je suis, vivant par toi. Contre moi, que pourrait la mort ?   Dans l’Homme Nouveau dont tu m’as gratifié, que tu as créé pour moi au jour de ta résurrection, et que tu as déposé en moi… j’ai trouvé ma résurrection. Dans les battements de son cœur, j’ai discerné ceux du tien. En lui, j’ai reconnu la lumière de ta Face.   Qui donc pourrait me séparer de toi ? Qui pourrait arracher mon cœur au tien, éteindre de ma face la lumière de ta Face, ou défaire ma vie de la tienne ? Si la mort m’approchait, je me moquerais d’elle, car j’ai déjà saisi la vie éternelle, lorsque tu t’es saisi de moi.   Et si la mort parvient à détruire en moi l’homme extérieur, cette mort, par l’homme intérieur je l’ai déjà foulée aux pieds, avec toi, au jour de ta résurrection.   Et si je m’épuise et que l’âge me courbe le dos, ta résurrection me relève la tête, et mon esprit touche au ciel.   Si je porte en mon cœur l’Homme Nouveau, c’est toi qui désormais me portes. Puisse cette reprise de conscience être manifestée chez les lecteurs de ces lignes. ————————————————————————————————– (1) Père Matta el-Maskîne, « La nouvelle création de l’homme », Abbaye de Bellefontaine, 1998, pp.103-104 (2) Livre des Proverbes 23:26 (3) Évangile de Jean 11:26

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Cet article a 8 commentaires

  1. Jean Marc

    Merci Patrick pour cet excellent partage que ce texte soit notre expérience.

  2. Eric Bernard

    Je ne comprends pas cette démarche : il faudrait imiter le Père Matta El-Maskîne ? Lire ses livres? Il est fait sur les deux sites la promotion de beaucoup d’auteurs. Qu’ont-ils reçu de plus que Paul qui lui a été missionné par Dieu pour annoncer les mystères de Christ.

    Or on dirait que la parole de Dieu a moins d’autorité, que toutes les maximes de tous les auteurs mystiques. Or Paul déclare  » que l’on nous regarde comme les dispensateurs des mystères de Dieu » Le premier mystique , c’est lui. L’apôtre Jean déclare dans son épitre celui qui nous écoute est de Dieu.

    Vendre tous ses bien partir au désert vivre une vie monastique ? Est-ce là l’évangile ? Monsieur Fontaine le faites vous ? Ou toutes les citations ne sont qu’un effet de style ?

    1. Paddy

      Il n’y avait pas d’autre démarche que de présenter un texte.
      Est-ce que j’ai parlé d’imiter, de vendre tous ses biens, de vivre une vie monastique au désert ? Bien sûr que non ! J’ai juste présenté l’auteur du texte.
      Paul, celui dont vous parlez, a dit lui-même d’examiner toutes choses (il ne parlait pas de ses écrits) et de retenir ce qui était bon.
      Si ce qu’on comprend des écrits de Paul nous suffit, pourquoi aller sur l’internet? Pourquoi lire des livres qui aborderaient les thèmes chers à Paul? Il y aurait juste qu’à mettre en pratique les épîtres.
      Je me délecte avec les épîtres de Paul, mais elles ne m’enferment pas dans un dogme exclusif.
      Vivre à partir de l’homme nouveau, vivre Christ en soi, c’est là l’évangile. Tout ce qui peut m’être utile pour entrer dans ce mystère, je ne le rejette pas.
      Dieu a missionné Paul OK! Mais 2000 ans plus tard Dieu ne missionerait-il plus ? Il n’appellerait plus à vivre la vie dont Paul faisait la promotion ? La vie chrétienne consisterait juste de se conformer à la lettre du NT ?
      Soyons sérieux.

    2. Kat

      Merci pour ce texte qui nous eveille a rester en conscience de Christ en nous l’espérance de la gloire.
      Bien entendu chaque témoignage est a regardé avec du relief pas pour imiter les faits mais le coeur .
      Merci beaucoup.

    3. Graine

      Cher Eric,
      Un texte en soi ne dit rien, il parle en fonction d’un point de vue que l’on a sur lui. Nous parlons aujourd’hui des 10 commandements mais dans le texte hébreu, ce sont simplement 10 paroles… (d’où en grec déca-logue).
      On peut voir dans un texte un commandement à faire de même, c’est l’arbre de la connaissance du bien et du mal, bref une réponse à la question « que dois-je faire? », c’est le problème de l’imitation d’une conduite.
      Mais on peut aussi voir dans les textes spirituels une réponse à la question « comment être ? » c’est alors un problème de présence à soi-même.
      L’évangile est, je pense, une expérience personnelle, enfin du moins c’est la façon dont je le comprends… Il faut la vivre selon notre appel… tous ne sont pas docteurs, tous ne sont pas moines etc etc.
      Voilà, voilà 🙂

  3. Paty

    Bonjour Patrick,

    J’aimerai partager avec toi un livre d’Andrew Murray « Demeurez en Christ »

    Peut-être que tu le connais?

    Andrew Murray (né au Cap en Afrique du Sud en 1828, mort en 1917) est un théologien et un écrivain sud-africain.

    Jeune homme, Andrew voulait déjà être pasteur, mais c’était plus un choix de carrière qu’une démarche de foi. C’est après avoir achevé ses études de théologie aux Pays-Bas qu’il expérimenta une véritable conversion de cœur.

    « L’immersion en Christ » devint alors le leitmotiv de sa vie. Soixante années de service dans l’Église Réformée hollandaise d’Afrique du Sud, plus de 200 livres et traités sur la spiritualité chrétienne et le service, un énorme travail dans les œuvres sociales et la création d’écoles ; tout ces signes extérieurs témoignèrent de cette Grâce intérieure que MURRAY expérimentait constamment en s’immergeant continuellement en Christ

    En le lisant, je trouve que l’on ressent l’onction et l’Amour de Dieu.

    Je me permet de mettre un lien afin de pouvoir le trouver sur internet. (je ne sais pas si tu es d’accord)

    https://reseau-chretien-gironde.fr/loisirs/culture-histoire/demeurez-en-christ-andrew-murray/

    Amitié en Lui.

    1. Paddy

      Oui bien sûr, je connais. J’ai plusieurs livres de lui. Un de mes préféré est « Le voile déchiré «.
      Maintenant ces livres peuvent se lire de deux perspectives, à partir d’un Christ en nous ou partir d’un Christ au ciel. Dans les années 80 je lisais ces livres et, bien qu’ils soient remplis de passion pour Christ, ils ne m’ont pas pour autant indiquer la voie intérieure. Ces livres restent néanmoins des références.

  4. Lionel Chassagnot

    Ce texte est une merveille pour l’âme. Il exprime tellement bien la réalité de la communion intime que nous pouvons vivre avec l’Eternel au cœur de notre homme nouveau. Merci à Yeshua d’avoir déchiré le voile et de nous avoir ouvert l’accès à la Face du Très Haut!